Nous n’avions aucune expérience de voile avant d’envisager ce projet. Cela peut paraître bizarre voire inconscient, mais c’est la réalité.
Cela dit, nous ne sommes pas téméraires et nous nous sommes donc préparés correctement. Le voyage en voilier implique de pouvoir faire face à de multiples situations, seul. Il faut donc avoir des connaissances en navigation, météo, électronique, mais aussi en mécanique, électricité, voilerie….
La navigation
Concernant la navigation, nous avons fait des stages avec l’école de voile des Glénans. C’est d’ailleurs suite à notre stage croisière en Martinique que le projet de bateau a débuté. Nous avons dû faire les stages séparément la plupart du temps car à l’époque les enfants étaient petits, et ils avaient encore besoin d’un adulte avec eux…

Nous avons commencé la voile en 2018, et nous avons acheté Sabali en 2019. L’idée était de naviguer pour acquérir de l’expérience et préparer le bateau. A l’époque 41 pieds soit 12m de long nous paraissaient grands à manoeuvrer au port. Aujourd’hui, en voyage au long cours, on apprécierait 1 ou 2 mètres supplémentaires. Je dirais que 40 pieds sont le minimum à 4, l’idéal se situant plutôt à partir de 45 pieds. Bien sur il est possible de faire avec plus petit, mais il s’agit d’un idéal, si le budget le permet. Nous ne connaissions pas grand chose au bateau en 2019, pour ne pas dire rien. Le choix du bateau dans ces conditions n’était pas évident, mais nous avons opté pour un bateau de grande série réputé plutôt robuste, avec un faible tirant d’eau car nous visions les atolls, mais pas un foudre de guerre.

Le nerf de la guerre c’est quand même le budget: celui qu’il faut à l’achat, mais également l’entretien, l’assurance, les places de port éventuellement. Le catamaran offre un espace de vie plus agréable que le monocoque, mais là encore, le budget n’est pas le même. On aurait pu choisir aussi un bateau plus ancien mais plus grand. Seulement un bateau plus ancien, à moins d’avoir eu un refit en profondeur, va poser d’autres problèmes. L’équipement du bateau coûte aussi très cher, et on ne réalise pas forcément l’importance de certains postes comme l’annexe par exemple. On s’en sert quasiment tous les jours, c’est notre voiture, et il faut pouvoir compter dessus pour aller à terre, ramener des courses, le linge de la laverie, faire la sécurité du wing foil… L’énergie est également un poste que l’on sous dimensionne facilement. Faire du cabotage en Méditerranée ne nécessite pas du tout le même parc de batteries et producteurs que de la navigation au long cours. Le gréement et les voiles sont également davantage sollicités que lorsque le bateau sort 3 semaines par an. Bref, l’équipement au sens large et la sécurisation du bateau sont des points très important et coûteux.
Nous avons donc navigué au départ de St Mandrier, vers Porquerolles et Port clos les week end, en Corse, Sardaigne et ile d’Elbe pendant les vacances.
Les formations théoriques
Côté formation, nous en avons effectué plusieurs avec escale formation technique, organisme partenaire de STW.
Nous avons commencé par la formation mécanique avec Alain Rocard, un puits de science et passionné de mécanique, où j’ai découvert comment fonctionnait un moteur thermique (oui, oui!). Ces deux jours nous ont permis de faire nous même l’entretien courant du moteur de Sabali (vidange, changement de filtres), et un peu plus poussé comme le nettoyage de l’échangeur, détection de pannes…
Ensuite je suis allée seule en formation électricité, toujours avec STW et Michel, à la Grande Motte. A l’époque, les cours se déroulaient encore dans un ancien bus, derrière le chantier Outremer. J’ai appris à me servir d’un multimètre, à faire des soudures, faire le bilan énergétique du bateau, comprendre les différents types de batterie…



En 2023 je suis allée à Nantes pour la formation survie, toujours avec STW. J’ai appris à me servir des fusées que nous avons à bord, à monter dans un radeau de survie, à récupérer un homme à la mer avec un vrai homme, et tout un tas d’autres choses. J’ai complété avec la formation médicale afin d’avoir le certificat world sailing survie.



En 2024, à notre retour en France, nous avons pu faire la formation que n’avions jamais réussi à caler dans nos emplois du temps: la météo avec Michel Meulnet.
Nous avons beaucoup appris et toutes les formations étaient de grande qualité.
Les autres sources d’information
A partir de 2018, nous avons lu tous les voile et voiliers et voile magazine, et plein de hors série. Les rubriques « ça nous est arrivé » n’ont plus de secrets pour nous! Nous avons également lu des blogs et regardé des videos de familles ou couples qui avaient déjà franchi le pas. C’est d’ailleurs en partie grâce ou à cause de Sarah Hébert et son blog poussé par le vent que nous avons cherché un Oceanis 411.
Les permis
En France, il n’est pas nécessaire d’avoir un permis pour naviguer à bord d’un voilier. Il n’en est pas de même à l’étranger, notamment pour émettre en VHF.
C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés un matin dans le locaux de l’ANFR au beau milieu de nulle part à passer notre certificat de radiotéléphoniste restreint.
Damien avait déjà son permis côtier, et moi je l’ai passé à Grenoble, avec la pratique à Lyon!
Le budget
Le budget fait partie des grandes interrogations. Je me souviens d’une video où une famille était interrogée à ce sujet. Ils avaient répondu en gros, que tout dépendait du mode de vie et que c’était très variable d’un équipage à l’autre. La réponse peut paraitre un peu langue de bois, mais en réalité, elle est assez juste. Il y a quand même certaines choses qu’on peut anticiper:
- le coût du bateau: l’achat ou leasing, son équipement hauturier et voyage, l’entretien et les améliorations en cours de route, les places de port, entrées dans les parcs, clearances d’entrée dans les pays. Concernant l’entretien, j’ai souvent lu qu’il fallait compter environ 10% du prix du bateau. C’est sans doute faux pour les bateaux neufs ou récents, quoique, mais ça se rapproche de la vérité avec les années.
- les assurances: celle du bateau d’abord. On peut faire des devis avec des courtiers notamment pour avoir une idée. Souvent le prix dépend du bateau mais aussi du programme, avec des zones à éviter notamment en période cyclonique. L’assurance santé ensuite. Même si nous avons encore notre carte vitale, nous avons une assurance santé voyage et rapatriement. Là aussi, on peut faire des devis, qui dépendent du nombre de personnes à assurer, leur âge et état de santé, et du programme, notamment à cause des USA et Canada qui sont souvent exclus.
- L’avitaillement: Désormais, tout le monde mange à bord. Plus de cantine ou de self. Ce sont 3 repas par jour pour tout l’équipage. Pour nous, le budget nourriture est assez stable selon les pays, et finalement assez proche de ce que nous dépensions à terre. Là aussi, tout dépend des habitudes alimentaires, de la fréquence des restos…
- Les visites, locations de voiture: il faut un budget pour profiter du voyage et des escales.
- Le matelas: une somme d’argent au cas où, que chacun définit comme il le souhaite. Un pécule en cas de coup dur, si besoin de rentrer en France de façon urgente, si gros pépin sur le bateau…
Certains métiers permettent de travailler à distance, depuis le bateau. Pour ce qui est de travailler en escale dans les îles françaises, il faut faire attention au statut douanier du bateau. En effet, à moins d’avoir effectuer auparavant un déménagement fiscal, le bateau peut être assujetti à l’octroi de mer, sauf à St Martin qui est un port franc. C’est un sujet compliqué car il n’est pas toujours facile d’avoir les réponses, mais mieux vaut s’y pencher avant la visite des douanes.
La date de départ
Si une bonne préparation est indispensable, se fixer une date pour larguer les amarres l’est tout autant. Nous avons acheté Sabali en 2019 et avions prévu un départ en 2023. Nous souhaitions partir en Juin, nous avons quitté St Mandrier fin Juillet, pas si mal. La to do list ne s’arrête jamais, il y a sans cesse des choses à faire, à améliorer, à réparer, mais le jour dit, il faut y aller. C’est le grand saut!