Sabali, c’est ton dernier hiver à Corbières. On était tellement heureux de pouvoir te laisser à Marseille. C’est moins loin depuis Grenoble, et puis Marseille, on t’aime! Enfin moi surtout. Damien est vite saoulé des poubelles trop souvent entassées, des voitures en double file, des invectives qui fusent. Moi, je vois la lumière blanche sur les belles façades du 6è, les odeurs et le voyage à Noailles, la pointe rouge, la mer, le folklore, et tant d’autres choses.
Mais c’est ton dernier hiver ici. On ne te cherchera plus parmi tous ces bateaux sur leurs berres pour finalement te trouver posé sur des places de parking entre deux voitures. Les enfants ne ramasseront plus sous les coques et dans les croûtes d’antifouling les vis, les plaques, les bouts de plastique ou de métal rescapés des derniers travaux. Ils ne joueront plus au foot entre les berres et n’auront plus à marcher le long du port jusqu’aux sanitaires.
Ce dernier hiver, on doit le mettre à profit pour finir de te transformer en « bateau de voyage ». On les reconnait tout de suite à leurs attributs indispensables à l’autonomie et à la sécurité de leurs habitants. Souvent un portique pour les panneaux solaires, parfois une éolienne, souvent une trinquette à poste, parfois des filets sur les filières, des jerricanes sur le pont, et toujours des baroudeurs, parfois accompagnés de leurs enfants.
Pour toi Sabali, nous voulons le meilleur, et tu nous le rends bien.